Harcèlement : attention aux excès !

Je me suis exprimée  sévèrement sur le cas d'Harvey Weinstein et de ses fils cachés .

Vous avez été assez  nombreux à partager ce post sur Link ou ailleurs  et je n'enlève pas une virgule à ce que j'ai écrit , bien sûr ! 

Mais attention à ne pas tomber dans les excès qui vont nuire à la cause , non pas des femmes , mais des victimes au sens large.

Courage et compassion à toutes ces femmes et hommes victimes mais aussi  honte aux témoins passifs .

Oui, je suis un peu agacée par cette déferlante médiatique à tout va sur les réseaux sociaux qui , à mon avis , sera improductive à moyen terme.

J'aime le courage  et je revendique une certaine idée du féminisme mais  aussi , et surtout, de la solidarité féminine.

Alors je pose une question toute simple : combien de fois avez- vous témoigné sur un dossier de harcèlement ? 

Maintenant , 2e question : combien de fois avez- vous fermé les yeux , détourné le regard d'une situation humiliante à l'égard d'un tiers?

Personnellement , je suis intervenue deux fois en témoin : oui , cela m'a coûté cher et non, je ne regrette rien .

Deux cas , 2 victimes: 1 femme , 1 homme .

L'un dans le secteur privé , l'autre dans le secteur public.

Et oui , tout le monde est concerné ! On n'imaginerait pas , n'est ce pas ?

Alors , si vous parlez harcèlement , vous parlez de TOUS les dossiers de harcèlement car il y a aussi des hommes victimes et des femmes harceleurs , et si vous parlez de la "méchante" entreprise , vous parlez aussi des services de l'Etat  dont les conflits sont , à mon avis de médiatrice , plus que délicats à gérer à cause de l'omerta qui y règne.

Par ailleurs , j'ai écouté le journal de France 2 hier avec des témoignages d'américaines donnant leurs avis sur le harcèlement sexuel et  donc leur conception des relations au travail : distance de 70 cms entre les personnes , pas de bises au travail (!), pas d'afterwork avec les collègues- hommes , pas de commentaires sur les vêtements etc...

Je vous le dis très simplement : je ne suis pas d'accord.

Je suis une femme ET une féministe mais  je ne suis pas d'accord avec ces témoignages qui ,pour moi , relèvent d'excès pouvant endommager fortement les relations professionnelles et de manière plus générale les relations hommes /femmes.

Raphaël V , avec lequel j'ai travaillé pendant 7 ans m'a souvent tenue par la taille , très gentiment  et sans aucun geste déplacé , et cela ne m'a posé aucun souci , je l'adorais !

Un jour de grande rigolade après une réunion épuisante , je suis même montée sur les genoux de Paul J , un homme adorable !

Mon  ancien collègue de travail , Jean M, est devenu mon meilleur ami. Inutile de vous dire que j'ai déjeuné , dîné , petit déjeuné ou petit dîné un nombre incalculable de fois avec lui !

Plus grave : quand j'ai un souci , j'appelle régulièrement Jean Marc H , membre de mon équipe pédago , pour un avis, un conseil  ...éventuellement autour d'un café ou d'un apéro à mon bureau  : vais - je être accusée de harcèlement sexuel ? C'est ennuyeux car il est magistrat .

Message à tous les hommes qui travaillent avec moi : ne changez pas , ne changez rien !

Je suis et reste  féministe mais j'aime la nuance  et je tiens par- dessus tout à des relations simples et conviviales au travail. Pas de migraine , merci !

Revenons aux USA .

Explication d' Abigail C.Saguy , (  Saguy Abigail C, « Les conceptions juridiques du harcèlement sexuel en France et aux États-Unis. Avant et après l'affaire DSK », Travail, genre et sociétés, 2012/2 (n° 28), p. 89-106. DOI : 10.3917/tgs.028.0089. URL : https://www.cairn.info/revue-travail-genre-et-societes-2012-2-page-89.htm ): selon elle, il serait simpliste d'opposer nos amis américains dits " puritains" et nous mêmes , Français , dits "latins". 

Abigail renvoie la balle ( ou le dossier) aux juristes .

En effet , la responsabilité juridique de l'employeur n'est pas vue de la même façon aux USA et en France. 

Elle nous explique que " les lois américaines condamnent le harcèlement sexuel au motif qu’il est une forme de discrimination sexuelle, qui bloque l’accès des femmes à l’égalité professionnelle" et elle nous signale que les employeurs vont visiblement bien au delà de la stricte application des lois américaines ; en effet , ils mettent en place dans leurs structures des dispositifs internes très puissants. On rattache ainsi  le harcèlement sexuel aux discriminations : discrimination sexuelle au travail donc violation des principes d'égalité formelle. 

Vous comprenez bien qu'à partir de là , les entreprises sont en 1ère ligne : on pourra alors attaquer son employeur , au lieu du harceleur, personne physique,  au motif de discrimination sexiste dans l'entreprise en question  avec dommages- intérêts compensatoires ET punitifs , ouille....

Le harcèlement sexuel serait donc combattu dans les entreprises US par pur intérêt financier et non pour protéger les femmes !!

Vous voulez légiférer en France sur le harcèlement ? Attention à aller dans le bon sens !

Et puis , parmi les législateurs qui s'apprêtent à travailler sur le sujet du harcélement , essayez de sortir du groupe de réflexion tous ceux qui le pratiquent !

A quand des sanctions exemplaires pour tous ceux en qui le citoyen place sa confiance et qui sont censés être exemplaires mais sont loin de l'être ? Elus , personnels de l'Education Nationale et du Ministère de la Justice ou de la DIRECCTE , par exemple ?

Et oui , il y a des sujets qui fâchent .....

Un p'tit bisou ?

Evidemment ! On s'est toujours bisouné , vous et moi , et je n'ai pas du tout l'intention d'arrêter !!